Insuline et métabolisme glucidique : un rôle central

Nicolas SAHAKIAN, Marseille

D’après la communication SY-001 de Gaëtan PREVOST (Rouen)
Rôle de l’insuline centrale dans la régulation de l’homéostasie glucidique

L’insuline est un peptide hypoglycémiant bien connu pour son rôle clé dans le métabolisme glucidique, tout particulièrement par ses effets périphériques musculaires et hépatiques. Derrière cette action périphérique prépondérante se cache un rôle moins connu de l’insuline : son action directe sur le système nerveux central (SNC). Dès 2002, il est identifié que le système nerveux central est une cible de l’insuline, dont le passage à travers la barrière hémato-encéphalique reste encore aujourd’hui largement incompris. Le récepteur a l’insuline est exprimé au sein du SNC et tout particulièrement dans l’hypothalamus, région centrale dans la régulation de la satiété et du métabolisme.

Des études fonctionnelles réalisées chez la souris et chez l’homme ont montré que l’insuline centrale entraine une diminution de la production hépatique de glucose et augmente l’export hépatique de triglycérides, limitant la stéatose hépatique. Il a été montré que l’administration d’insuline dans le SNC chez la souris augmente la production hypothalamique de 26RFa, un neuropeptide stimulant l’insulinosécrétion pancréatique après une charge orale en glucose et agissant alors comme une incrétine (tel que le GLP1 ou le GIP), bien que l’action du 26RFa soit plus tardive. Cet effet anti-hyperglycémiant est aboli en l’absence de 26RFa. Ainsi, les neurones à 26RFa jouent un rôle dans l’auto amplification de la sécrétion d’insuline et dans la régulation du métabolisme glucidique. Chez l’homme, l’administration d’insuline intra-nasale représente le meilleur modèle d’insuline centrale, atteignant le SNC via les fibres nerveuses olfactives et trigéminales. Les études d’imagerie fonctionnelle ont montrés que la sensibilité de l’insuline dans l’hypothalamus diminue avec la surcharge pondérale, et il pourrait être intéressant d’évaluer le devenir de la sensibilité centrale à l’insuline après perte pondérale et notamment chirurgie bariatrique. Toute comme chez la souris, l’administration d’insuline intra nasale entraine une sécrétion d’insuline endogène retardée.

Au plan thérapeutique émergent ainsi plusieurs perspectives. En effet, les insulines utilisées en pratique courante ont un passage limité de la barrière hémato encéphalique. Il serait donc intéressant d’évaluer l’éventuel bénéfice de l’insuline intra nasale et/ou de molécules améliorant la sensibilité à l’insuline dans le SNC chez nos patients diabétiques, qui pourraient représenter de nouvelles pistes dans l’arsenal thérapeutique du patient diabétique.