Free cookie consent management tool by TermsFeed

Dosages d’hormones thyroïdiennes et Biotine

Le centre de référence des maladies rares de la réceptivité hormonale a été sollicité à plusieurs reprises, et de nombreux cliniciens ont été interpellés pour des bilans thyroïdiens incohérents, des discordances clinico-biologiques, des suspicions de maladies rares de la thyroïde. Parfois dans des contextes de défaillance multiviscérale en période néonatale où de nombreuses vitamines et éléments sont administrés, dans l’hypothèse d’une erreur innée du métabolisme, parfois dans des contextes de sclérose en plaque avec traitement par Biotine à forte dose, parfois pour une supposée maladie de Basedow néonatale, chez un enfant né de mère parfaitement euthyroïdienne sans antécédent de maladie de Basedow (et elle-même sans anticorps anti-récepteur de la TSH). Il s’avère que dans nombre de ces cas, les dosages d’hormones thyroïdiennes (T4l et T3l) et TSH reposent sur une interaction entre la Biotine et la Streptavidine. L’excès de Biotine, par apports exogènes importants, aboutit à une valeur élevée de T4l ou T3l et une TSH effondrée, comme dans une authentique hyperthyroïdie. Le clinicien n’est pas alerté par un bilan incohérent, puisque la formule est parfaite : TSH freinée, T4l et/ou T3l élevée. Le piège est parfait si l’on y ajoute un dosage d’anticorps anti-récepteur de la TSH réalisé dans une trousse basée elle aussi sur la liaison Streptavidine-Biotine. De telles situations ont d’ailleurs été publiées par plusieurs équipes (1-3).

Cette cause d’artéfact n’impacte pas que les dosages d’hormones thyroïdiennes, les dosages d’ACTH, de PTH, de vitamine B12, d’insuline, de SDHA, de LF, FSH, ……sont également pris en défaut dès lors que les trousses, adaptées aux automates, sont basées sur le même principe.

Les cliniciens doivent être informés de ces difficultés et se souvenir que la clinique est souvent la clé de l’interprétation d’un résultat incohérent. Idéalement, ils devraient être consultés, en amont des décisions de changement de trousses. Car, in fine, c’est le clinicien qui devra expliquer au patient que ses résultats inquiétants sont dus à un problème technique qui masque souvent un choix économique !

1- Barbesino G,  Thyroid 2016 ;
2- Elston MS, JCEM 2016 ;
3- Kummer S, NEJM 2016