NEM2 : Quand RET et SDH décident de jouer au chef d’orchestre
Mahaut PETYT, Toulouse
Symposium SFE 08 – GTE – Implications cliniques du dépistage génétique des tumeurs endocrines
Néoplasie Endocrinienne Multiple de type 2
Frédéric CASTINETTI, Marseille
Phéochromocytomes et paragangliomes
Laurence AMAR, Paris
Les mutations du gène RET sont impliquées dans la néoplasie endocrinienne multiple de type 2 (NEM2). Dans le cas de la mutation M918T (NEM2B), la question d’un traitement radical par thyroidectomie à un âge précoce ne se pose pas. En parallèle, en ce qui concerne le risque de survenue de phéochromocytome, les mutations M918T et C634 sont associées à un risque plus élevé de développer cette tumeur alors que des mutations de l’exon 10 sont à risque modérée. Selon les données visuelles du graphique issue de l’étude Castinetti LDEM 2019/Lancet Oncology 2014, à 40 ans, le risque de survenue de phéochromocytome unilatéral est estimé à 60-70% contre 20% pour la mutation de l’exon 10 au même âge.
Le gène RET n’est cependant pas le seul impliqué dans les prédispositions aux phéochromocytomes. Bien que « la règle des dix » ait longtemps prévalu (10% hérédité, 10% bilatéraux, 10% de malignité), il est désormais admis que 30% des phéochromocytomes/paragangliomes ont une origine génétique. Parmi les gènes concernés, les mutations du gènes SDHB (succinate déshydrogénase sous-unité B) montrent une corrélation génotype/phénotype utile dans la prise en charge des de ces tumeurs. Pour illustration, le risque métastatique des PPGL est estimé entre 20 et 40% pour les mutations de SDHB, contre 5% pour les mutations SDHD, ce qui contre indique la possibilité d’une surrénalectomie partielle. Leur pénétrance varie également, estimé à 25% pour la mutation de SDHB. Pourtant, malgré ces différences de risque et de potentiel évolutif, il existe actuellement peu de variations dans le suivi des patients porteurs de mutations du gène SDH.
Le dépistage systématique des membres de la famille reste essentiel pour une prise en charge optimale. Bien que cela puisse ajouter une charge mentale due au suivi régulier, une étude menée par Alexandre Buffet montre que le dépistage a un impact positif sur l’adhésion des patients à leur suivi, avec une disparition des perdus de vue après connaissance de leur statut génétique.
Il existe encore une variabilité, même au sein d’une même famille de mutation, et certains facteurs restent à découvrir pour atteindre une médecine encore plus individualisée et minimiser l’impact sur la qualité de vie des patients et de leurs proches.