Exposition in utero et mini-puberté : comment les premiers instants de notre vie influent sur notre reproduction future.
Tatiana LECOT-CONNAN, Paris
Symposium SFE 10 Parcours EndoScience – Androgènes au féminin : le bien et le mâle
Mécanismes neuroendocrines de l’ovaire polykystique
Paolo GIACOBINI, Lille
Androgènes et contrôle de la fonction ovarienne avant la vie reproductive
Celine GUIGON, Paris
Les 1000 premiers jours de vie influencent notre santé future. C’est ce que l’on appelle la DOHaD (Devlopmental Origins of Health and Disease).
Dans le premier exposé, Dr Paolo Giacobini, chercheur à Lille, nous a présenté ses travaux sur les mécanismes neuroendocrines du syndrome des ovaires polykystiques (SOPK). Dans le SOPK, la fréquence des pics de LH est augmentée de 40%, quelque soit l’IMC. De même, l’AMH a des taux 2 à 3 fois plus élevés en comparaison à des femmes non atteintes. Ce taux reste élevé au cours de la grossesse ce qui n’est pas sans conséquence sur la santé de la progéniture féminine. En effet, les neurones à GnRH présentent des récepteurs AMHR2 et l’AMH augmente l’activité de ces derniers ainsi que leur sécrétion. De ce fait, l’équipe du Dr Paolo Giacobini a développé un modèle murin appelé PAMH : les souris gestantes reçoivent 3 injections d’AMH afin d’étudier les impacts sur les fonctions reproductives. Les souris de la portée présentent des caractéristiques reproductives et métaboliques similaires au SOPK, avec une hyperactivation des neurones à GnRH. Après injection d’un antagoniste du récepteur de la GnRH, les souris présentent une restauration de la dysfonction reproductive. A l’aide d’une manipulation chimogénétique, ils sont se pencher sur l’impact de cette hyperactivation neuronale (Silva et al. Overactivation of GnRH neurons is sufficient to trigger polycystic ovary syndrome-like traits in female mice. eBioMedicine. 2023). L’hyperactivation des neurones GnRH induit une dysfonction ovarienne similaire au SOPK avec une anovulation ainsi qu’une pulsatilité et des niveaux de testostérones élevés à distance de cette manipulation. On voit ainsi que l’hyperactivation des neurones GnRH est suffisante pour déclencher les défauts cardinaux du SOPK. Pour finir, il a été mis en évidence l’expression d’Amhr2 au niveau des tanycytes hypothalamiques, ces derniers étant impliqués dans l’homéostasie énergétique et les fonctions reproductives. Dans une récente publication, l’équipe de Paolo Giacobini a mis en évidence une fonction centrale de l’AMH dans la régulation de la fertilité en remodelant les terminaisons GnRH ainsi que les gaines tanycytiques (Barbotin et al. Hypothalamic neuroglial plasticity is regulated by anti-Müllerian hormone and disrupted in polycystic ovary syndrome. eBioMedicine. 2023).
Dans un second exposé, Dr Céline Guigon nous présente ses travaux sur la mini-puberté. Lors de la mini-puberté, les filles produisent de la testostérone avec une initiation de la croissance folliculaire jusqu’au stade antral ainsi qu’une expression au niveau folliculaire d’aromatase et d’AMH. Chez les rongeurs, il existe 2 vagues de croissance folliculaire. Lors de la première vague pré-pubère, on constate une production d’oestradiol ainsi qu’une atrésie des follicules en croissance même si quelques-uns d’entre eux vont jusqu’à l’ovulation et participent au début de la vie reproductive. Lors de la mini-puberté, les taux élevés de FSH conduisent à une expression importante d’oestradiol, une inhibition de la sécrétion d’AMH, une croissance folliculaire limitée et une absence d’ovulation. Concernant la LH, les taux élevés conduisent à une sécrétion de testostérone qui va à son tour entraîner l’expression du récepteur à la FSH et d’oestradiol et jouer un rôle dans la transition du stade préantral à antral. Ainsi, on voit qu’il y a un dialogue étroit entre les gonadotrophines et les hormones ovariennes lors de la mini-puberté. Les anomalies de l’activation de l’axe gonadotrope pendant la mini-puberté peut donc avoir des impacts sur la vie reproductive future (ex : prématurité, impact de l’environnement).