Insuffisance corticotrope et S-DHEA plasmatique
Question de Michel Gerson – Colmar:
J’ ai lu avec intérêt le texte d’Hervé Lefebvre sur le diagnostic de l’ insuffisance surrénale, sujet pratique s’il en est. Afin que cette information soit pleinement opérationnelle, je souhaiterais connaitre les valeurs chiffrées » discriminantes » de DHEA proposées par les auteurs.
Réponse d’Hervé Lefebvre:
L’insuffisance corticotrope partielle pose parfois un difficile problème de diagnostic positif notamment lorsque son affirmation repose sur le test au synacthène, ce qui est fréquemment le cas en pratique courante. En effet, même lorsque la valeur seuil de la cortisolémie maximale en cours de test est fixée à un niveau relativement élevé (550 nmol/l ; environ 20 µg/dl), les tests « standard » et low dose génèrent respectivement 40% et 10% de faux négatifs. D’après BM Arafah, cette difficulté peut être contournée en dosant le taux de sulfate de DHEA. En effet, dans son étude publiée en 2003 chez 35 patients atteints d’insuffisance corticotrope documentée par un test d’hypoglycémie insulinique, 10 d’entre eux présentaient un taux de cortisol > 500 nmol/l (valeur seuil communément proposée dans la littérature) lors du test au Synacthène low dose (1 µg).
Néanmoins, tous avaient un taux de base de S-DHEA inférieur aux normes pour l’âge et le sexe. A contrario, 4 sujets sans dysfonction corticotrope présentaient un pic de cortisolémie < 500 nmol/l lors du test. Ces 4 sujets avaient un taux normal de S-DHEA pour l’âge et le sexe. La mesure de ce paramètre peut donc être un moyen simple pour redresser le diagnostic dans cette situation. Aucune valeur précise de concentration de S-DHEA plasmatique n’a été communiquée par l’orateur, dans la mesure où il existe une certaine variabilité selon les kits de dosage employés, le message esssentiel étant d’utiliser les normes du laboratoire pour l’âge et le sexe. Attention également aux facteurs de confusion comme une hyperprolactinémie ou une prise plus ou moins cachée de DHEA qui peuvent majorer le taux de S-DHEA.
Hervé Lefebvre – Service d’Endocrinologie Hôpital de Bois Guillaume CHU de Rouen – Juin 2010