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Du neuf dans la prise en charge médicamenteuse de la maladie de Cushing… Le traitement de la maladie de Cushing fait appel en première ligne à la chirurgie. Cependant, celle-ci peut se révéler inefficace ou délicate en l'absence d'image évidente d'adénome à l'IRM hypophysaire. Les traitements médicamenteux anticortisoliques ont alors toute leur place : kétoconazole, métyrapone ou mitotane ont démontré au moins en partie leur efficacité, même si leur tolérance est parfois médiocre. Certains ont même proposé de les associer, avec une efficacité franche, dans les hypercorticismes sévères (Kamenicky P et al., J Clin Endocrinol Metab 2012). Ce numéro 2 de la newsletter Hypophyse fait la part belle à 2 traitements nouveaux ou revisités de la maladie de Cushing :
Le Congrès européen d'endocrinologie a également permis de se familiariser avec le LCI699, un nouvel inhibiteur de la 21-hydroxylase développée par Novartis (communication orale présentée par l'équipe du Pr Bertagna). Le traitement, administré pendant 10 semaines à 11 patients porteurs du syndrome de Cushing, a permis, chez les 9 patients qui ont achevé l'étude, une normalisation du cortisol libre urinaire des 24 heures. Principal effet indésirable – attendu –, la survenue d'une hypokaliémie, chez 4 patients. L'hyperandrogénie, également attendue, n'a pas été rapportée chez les patientes de l'étude, mais l'effectif était restreint. Nous devons donc nous attendre à un changement de nos pratiques et des recommandations dans les prochaines années. Pour l'heure, et avant la déferlante potentielle de ces nouveaux traitements, une mise au point finale sur l'efficacité des anticortisoliques classiques nous semble nécessaire. Dans cette optique, je me permets de profiter de cet éditorial pour rappeler que nous faisons actuellement, en accord avec les responsables du Registre français du Cushing et du Club de l'hypophyse, une étude rétrospective sur les patients traités par ces anticortisoliques dans le cadre de la maladie de Cushing. Pour ceux parmi vous qui seraient intéressés, vous pouvez télécharger la fiche de recueil de données, et me la renvoyer par mail (frederic.castinetti@ap-hm.fr) ou par courrier (Service d'endocrinologie du Pr Brue, hôpital de la Timone, rue Saint-Pierre, 13005 Marseille). En vous souhaitant une agréable lecture, et en vous remerciant pour votre intérêt. PS : La Newsletter Hypophyse ne serait pas ce qu'elle est sans la fameuse IRM que le Pr Bonneville nous fait la joie de nous fournir. À noter, également, une autre nouveauté thérapeutique prometteuse, l'octréotide per os, dont l'étude princeps vous est résumée par le Dr Galland, et un case report sur l'association mutation de SDHD/Acromégalie résumé par le Dr Cazabat. |
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Le pasiréotide en traitement de la maladie de Cushing : résultats d'une étude de phase III Colao A, Petersenn S, Newell-Price J. A 12-month phase 3 study of pasireotide in Cushing's disease. N Engl J Med 2012;366:914-24. Les adénomes corticotropes expriment de façon préférentielle les récepteurs de la somatostatine de sous-type 5. Le pasiréotide (SOM230) est un analogue de la somatostatine qui présente une haute affinité pour les récepteurs de sous-type 5, ce qui en fait un candidat de choix dans le traitement médical des adénomes corticotropes non guéris ou non accessibles à la chirurgie. Mifépristone dans le syndrome de Cushing : une étude prospective Fleseriu M, Biller BM, Findling JW et al. Mifepristone, a glucocorticoid receptor antagonist, produces clinical and metabolic benefits in patients with Cushing's Syndrome. J Clin Endocrinol Metab 2012 [Epub ahead of print]. La mifépristone est un antagoniste des récepteurs de la progestérone utilisé principalement à visée contragestive. Elle possède, à plus forte dose, une action antagoniste des récepteurs aux glucocorticoïdes. L'objectif de cette étude était d'évaluer l'efficacité clinique et métabolique de la mifépristone en traitement du syndrome de Cushing chez des patients résistants aux autres thérapeutiques. Il s'agit de la première étude prospective portant sur un nombre raisonnable de patients traités par mifépristone pour un syndrome de Cushing (en fait, principalement une maladie de Cushing, portée par plus de 80 % des patients de l'étude). Première étude chez l'homme d'une forme orale d'octréotide Tuvia S, Atsmon J, Teichman SL et al. Oral octreotide absorption in human subjects: comparable pharmacokinetics to parenteral octreotide and effective growth hormone suppression. J Clin Endocrinol Metab 2012;97(7) [Epub ahead of print]. L'attente d'une forme orale d'analogue de la somatostatine est extrêmement importante car elle permettrait d'améliorer, entre autres, la qualité de vie des patients. La difficulté jusqu'à présent était de développer une forme orale capable de franchir la barrière intestinale. Cette étude est la première chez l'homme. L'objectif des auteurs était d'étudier, d'une part, la pharmacocinétique d'une préparation d'octréotide oral, d'autre part, son action sur le taux de GH chez 75 volontaires sains, en comparaison à l'octréotide sous-cutané (s.c.). Cette forme orale d'octréotide est une préparation à base d'Octreolin® (Chiasma, Jérusalem, Israël) mis en suspension dans une capsule qui a la propriété d'entraîner une perméabilité transitoire de l'intestin et ainsi de laisser passer la forme active de l'octréotide qui est à l'intérieur. Les posologies testées étaient pour l'octréotide s.c. : 0,1 mg en 1 seule fois et pour l'octréotide oral : 3, 10 et 20 mg. SDHs : nouveaux gènes de prédisposition aux adénomes hypophysaires ? Xekouki P, Pacak K, Almeida M et al. Succinate dehydrogenase (SDH) D subunit (SDHD) inactivation in a growth-hormone-producing pituitary tumor: a new association for SDH? J Clin Endocrinol Metab 2012;97:E357-66. Depuis la découverte de mutations de SDHD en 2000 (1), les autres sous-unités SDHB, SDHC et, plus récemment, SDHA, ont été impliquées dans les phéochromocytomes/paragangliomes (PHEO/PGL) familiaux. Ces mutations des SDH ont été décrites depuis dans d'autres tumeurs : le GIST (gastrointestinal stromal tumor), la dyade de Carney-Stratakis (GIST et PGL), le cancer du rein, le syndrome de Cowden PTEN-négatif et de Cowden-like, le cancer papillaire de la thyroïde, etc. (2). Références bibliographiques 1. Baysal BE, Ferrell RE, Willett-Brozick JE et al. Mutations in SDHD, a mitochondrial complex II gene, in hereditary paraganglioma. Science 2000;287:848-51. |
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Optimiser le traitement substitutif cortisolique Le déficit corticotrope est une pathologie rare, en général provoquée par une tumeur hypothalamo-hypophysaire, ou par son traitement (déficit corticotrope induit par la chirurgie ou la radiothérapie). Sa prévalence est estimée à 3 pour 10 000 personnes, ce qui la rend plus fréquente que l'insuffisance surrénalienne primaire. Le traitement de référence fait appel à l'hydrocortisone à la dose théorique de 15 à 20 mg/jour : le schéma d'administration (heure et posologie à chaque prise) n'est cependant pas consensuel, et peut comporter 2 à 3 prises à des heures variables de la journée. La surveillance est clinique, fondée sur l'état général et les signes fonctionnels du patient, le poids et la tension artérielle. Il existe plusieurs inconvénients à la prise en charge thérapeutique actuelle par hydrocortisone :
En 2010, nous avions mené une étude d'évaluation pharmacocinétique (Simon N, Castinetti F et al., Clin Pharmacokinet 2010), incluant 50 patients, dont 30 avec un déficit corticotrope. La mesure des taux de cortisol plasmatique toutes les 2 heures pendant 24 heures, avec prise du traitement habituel par hydrocortisone, nous avait permis de définir un modèle de simulation pharmacocinétique. Nous avions ensuite simulé 18 différents schémas de prise d'hydrocortisone, et nous avions ainsi pu déterminer le pourcentage de patients qui atteignait les cibles thérapeutiques biologiques de cortisolémie à 8 heures (30 minutes après la prise), à 16 heures et à minuit. La simulation de plus de 500 patients avec différents schémas de prise a montré que même le meilleur schéma (3 prises d'hydrocortisone, avec 10 mg à 7 h 30, 5 mg à midi, et 5 mg à 16 h 30) ne permettait pas d'obtenir plus de 50 % de patients dans les zones biologiques thérapeutiques, la majorité des patients étant sous- ou surdosés aux divers moments de la journée. Dans ce contexte de traitement substitutif imparfait, des études ont été menées sur de nouvelles formes d'hydrocortisone à libération modifiée. Le Plenadren® (anciennement dénommé Duocort®) est ainsi une forme d'hydrocortisone à double libération, qui existe en 2 dosages, à 5 et 20 mg. Le comprimé comprend 1 partie à libération immédiate (enrobage), dont le pic plasmatique est atteint 20 à 40 minutes après la prise, et 1 partie à libération prolongée (noyau), dont la concentration plasmatique diminue progressivement et continuellement en 12 à 16 heures après la prise. Aucune libération nocturne de cortisol n'a été observée. Le profil est identique pour les 2 dosages de comprimés à 5 et à 20 mg (Johannsson G, Filipsson H et al., Horm Res 2007). Le traitement se prend en 1 prise unique le matin à jeun. Le Plenadren® a obtenu la désignation orpheline dans l'Union Européenne dans l'indication "traitement de l'insuffisance surrénalienne" en 2006, et a une AMM européenne depuis novembre 2011 (EMEA/H/C/002185). G. Johannsson et al. ont récemment rapporté la première étude comparative sur le Plenadren®. Cette étude prospective multicentrique randomisée portait sur 64 patients atteints d'insuffisance surrénalienne exclusivement primaire. Les patients étaient divisés en 2 groupes : le 1er groupe recevait le Plenadren® à la dose totale administrée habituellement avec leur hydrocortisone, pendant que le 2e groupe conservait un traitement par hydrocortisone, administré en 3 prises (moitié de dose à 8 heures, quart de dose à midi, quart de dose à 16 heures), à sa dose habituelle. L'essai était de type croisé : après 3 mois du traitement initial, chaque groupe bénéficiait de l'autre thérapeutique pendant 3 mois. Le critère principal était la comparaison de la biodisponibilité ; les critères secondaires évaluaient la tolérance, l'efficacité et la qualité de vie. L'étude pharmacocinétique a souligné que Plenadren® permettait d'augmenter la biodisponibilité d'hydrocortisone pendant les 4 premières heures et de la diminuer entre la 4e et la 24e heure, avec 1 seul véritable pic de survenue rapide après la prise. Pour les critères secondaires, les patients traités par Plenadren® ont amélioré significativement leurs paramètres métaboliques (poids, pression artérielle systolique et diastolique, HbA1c) en comparaison avec le traitement classique. Les index de qualité de vie ont montré soit un score inchangé (échelle SF36), soit une amélioration du score (échelle de fatigue). Les effets indésirables ont été comparables en fréquence dans les 2 groupes : aucun effet indésirable grave n'a été rapporté. La majorité des patients a présenté une amélioration des scores de qualité de vie, et 92 % ont accepté de poursuivre l'étude dans le cadre d'une première phase d'extension de 6 mois, puis d'une deuxième phase d'extension de 18 mois. L'ensemble des résultats observés à court terme a été retrouvé après un suivi total de 27 mois (données présentées à l'ECE 2012). Cette étude souligne donc, dans une population d'insuffisants surrénaliens primaires, l'intérêt d'un traitement par Plenadren® en remplacement du schéma classique d'hydrocortisone (Johannsson G, Nilsson AG et al., J Clin Endocrinol Metab 2012). Il n'existe pas à ce jour de données sur le Plenadren® dans le déficit corticotrope, même s'il est probable que l'efficacité soit comparable. |
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Microprolactinome, quand les coupes axiales font le diagnostic... Juliette, 17 ans, consulte avec sa mère pour une galactorrhée isolée bilatérale. Ses premières règles sont survenues à 16 ans, avec des cycles longs. À l'interrogatoire, elle dit avoir eu un épisode de céphalées quelques mois auparavant. Son taux de prolactine est à 1 096 mUI/l. Il n'y a pas de contraception hormonale et pas de cause iatrogène. Devant cette galactorrhée isolée avec un taux de prolactine peu élevé, le diagnostic clinique n'est pas clair. En IRM, la séquence sagittale T1 (figure 1) est normale – comme c'est souvent le cas dans les lésions purement intrasellaires. Les coupes coronales T1 et coronales T2 passant par le centre de la selle turcique (figures 2a et 3a), elles ne sont pas vraiment informatives.
En cas de difficulté diagnostique, plutôt que de recourir systématiquement aux séquences après injection de gadolinium, nous privilégions les séquences axiales.
Au total, l'aspect IRM est tout à fait compatible avec un prolactinome avec transformation hémorragique partielle, ce qui est cohérent avec un tableau clinique fruste et un taux de prolactine très faiblement augmenté. Une réduction de volume de la lésion après traitement par agonistes de la dopamine confirmera le diagnostic. |
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